Luc Brunet – 22 juin 2023
Après un récent séjour en France, le premier depuis 2019, je me suis décidé à partager mes impressions sur le pays et les changements que j’ai constaté.
La première partie de cette lettre fait exception à la règle et est de nature plus personnelle que d’habitude, avec une note nostalgique pour un pays que je ne reconnais plus vraiment.
La deuxième partie sera à nouveau centrée sur les aspects économiques et politiques.
France, où es-tu?
Beaucoup de gens m’ont demandé ces dernières années si je regrettais la France ou si je m’ennuyais d’elle, après maintenant 30 ans de résidence permanente à Moscou. Cette dernière visite m’a aidé à trouver une réponse plus complète à cette simple question. La réponse dépend en effet de quelle France on parle. Il y a un facteur invisible dans ma relation avec la France: le temps.
La France que j’aime et que je regrette n’existe plus. C’est la France des années 50 à 80, la France de l’après-guerre et des « Trentes Glorieuses ».
J’ai d’abord vécu à Dijon et j’ai la nostalgie du Dijon des années 60, pas de sa version actuelle.
J’habitais rue Louis Blanc, pas au centre mais pas loin de là. Je me souviens des vieilles maisons de cette rue, presque en train de s’effondrer.
Nous vivions dans une maison construite par des migrants italiens, la famille Bonino, elle-même habitant une maison située à quelques centaines de mètres. Je vois encore, bien qu’ils soient morts quand j’étais petit, le vieil homme et sa femme, vêtus de noir, à la fin d’une vie de dur labeur. L’épouse de leur fils était la meilleure amie de ma tante.
A cette époque, les migrants s’intégraient facilement, et d’ailleurs, il suffit d’effacer la dernière lettre de leur nom, et vous obtenez le nom de Bonin, un nom de famille répandu dans la région.
Je me souviens comment un de nos voisins est mort en quelques mois d’un cancer, et comment je l’ai vu devenir jaune, puis vert, puis absent. Il est mort dans une pièce juste au-dessous de la chambre où ma mère est décédée quelques années plus tôt.
Cette maison est par miracle toujours en place, comme un témoin de ces années, attardé parmi nous…
A quelques maisons de là vivait mon meilleur ami de collège, Jean-Pierre. Nous avons passé des heures à discuter de la situation mondiale (déjà !), jusqu’à ce que son père lui achète une moto et que nous ne puissions plus parler sur le chemin de l’école. Mais sa mère, inquiète de le voir en moto, lui acheta une voiture, plus sûre. Deux mois plus tard, il est mort avec deux amis dans un accident de voiture, juste le jour de mon 18e anniversaire.
Où sont-ils?
Où est le Café du Glacier (aujourd’hui une banque), ou le Café du Central, où nous nous retrouvions tous les samedis avec un groupe d’amis? Où est Nicolas, mon meilleur ami de lycée qui nous a quitté pour toujours il y a déjà trop d’années ?
Même la plus grande librairie de la ville à l’époque a fermé il y a quelques années, remplacée par un Burger King. Symbolique et difficile à digérer.
En 1974, je me souviens d’avoir participé à la campagne présidentielle de Valéry Giscard d’Estaing avec des amis de l’UNI (groupe étudiant de droite à l’époque). Je ne savais pas qu’il serait le premier président à vendre les intérêts nationaux, et de loin pas le dernier !
A la campagne, où se trouve la ferme où j’achetais du lait et du beurre, avec son odeur unique de laitage, de vache et de fromage ?
J’ai ensuite vécu de nombreuses années à Paris, que nous avons également visité cette année. Il en va de même pour de nombreux endroits où j’ai vécu ou travaillé ou dîné fréquemment:
Villa Duthy——————Avenue du Maine———Avenue Philippe Auguste—————Rue de Sèvres
Rue de Lourmel————–Rue Barrault—————–Le Palace et son restaurant Le Privilège———-
Le restaurant des Bains Douches——–Rue Nationale——-Rue Tournefort——-Villa de l’Astrolabe——
Juste quelques souvenirs
- Defiler avec la foule pour célébrer l’élection de Mitterrand en 1981, sans savoir (encore une fois!) qu’il n’avait aucun pouvoir pour changer le cours du pays vers la mondialisation (à supposer qu’il en ait eu l’intention).
- Tourner dans mon quartier pour me garer après le travail (parking gratuit à l’époque !!), et trouver une place à côté de la petite voiture de ma voisine Denise Glaser, animatrice télé à la retraite, celebre dans les années 60, symbole pour moi d’une ‘télé intelligente’ où l’on pouvait apprendre à penser.
- Les avant-premières hebdomadaires des nouveaux films au Palace, souvent suivies d’un dîner au restaurant Privilege, un endroit où l’on pouvait se retrouver à côté de Grace Jones, Louboutin ou Pacadis.
Illusions des partis politiques, de l’éducation télévisée ou de la socialisation branchée. Je ne veux même plus revoir ces endroits. Parfois ils n’existent plus, parfois ils ont beaucoup changé, ils ont trop changé, et ils ont changé sans moi.
La France que j’aime et que je regrette n’existe plus. Cela peut ressembler à la plainte rituelle d’un homme qui vieillit, et c’est le cas. La vie va dans un sens, et il n’y a pas de marche arrière.
France: économie et société
La première impression après 4 ans d’absence est assez positive, avec de nombreux endroits qui semblent beaux, confortables, bien organisés et beaux. Mais si vous grattez un peu la surface, la lente évolution vers le bas est claire.
Le plus choquant au début est l’évolution des prix. Presque tout est devenu beaucoup plus cher après 4 ans, l’essence (pas de surprise), la nourriture, les locations, les hôtels etc. Je ne parle pas de petites augmentations qu’on ne remarque pas vraiment, mais de vraies augmentations de 10, parfois 30%. Tout cela est bien sûr confirmé par les statistiques, pour vérifier que je ne l’invente pas.
Le nombre de migrants ‘visibles’ a également beaucoup augmenté, un sentiment également confirmé par les statistiques.
Surtout à Paris, le nombre de sans-abri est également en nette augmentation, mais ce qui choque, ce n’est pas tant leur nombre que leur état de santé physique/mentale. Partout, y compris dans les lieux touristiques comme le quartier de l’Opéra, on voit des sans-abri isolés, allongés sur le sol, bougeant à peine, ou parfois totalement instables et agités. Le fait que les bourgeois parisiens les rencontrent sans problème sur le chemin de leur ‘brasserie de fruits de mer’ bien-aimée en dit long sur leur nature.
Autre changement, la mort des petits ‘Cafés’, où l’on pouvait prendre un café et un croissant le matin, puis boire un verre à toute heure de la journée. C’est l’endroit où les gens se rencontraient et parlaient ensemble. Ils ont disparu, remplacés par Starbucks au centre, par rien à la périphérie.
La campagne était par contre beaucoup plus attrayante et on comprend pourquoi de nombreux Parisiens se sont installés en province, un mouvement qui a été stimulé par les tendances au travail en ligne développées pendant la période Covid.
Cependant, la campagne connaît également un certain nombre de problèmes qui n’existaient pas il y a 30 ans, principalement en raison de la fermeture de nombreux services comme la poste, les banques, les écoles et le soutien médical. Les rendez-vous médicaux, décidés jadis le lendemain ou le surlendemain avec le médecin local, doivent désormais être pris plusieurs mois à l’avance et, comme d’autres services, nécessitent l’utilisation d’une voiture pour se déplacer. Mais les voitures ne sont pas bonnes pour la planète… et commence la chanson écologique des Khmers verts!
Quoi qu’il en soit, mon impression a été assez mitigée et j’espère que le pays trouvera la force et les ressources pour se réveiller, retrouver sa souveraineté et être à nouveau fier de ses racines et de ses traditions. Il peut évoluer à nouveau dans cette nouvelle direction, mais pour moi, ce ne sera plus jamais la France que j’ai connue.
Mais bon, assez parlé du passé, occupons nous du présent, il a besoin de nous!
Assez pertinent. Beaucoup de choses que je partage
Mais je n’échangeai pas la France pour Moscou
Amities Jehan. 0619165129
Salut amical à toi Luc !
J’ai été ému que tu fasses allusion à tes anciens camarades de l’UNI à Dijon dont je faisais partie, à l’occasion du récit de ton voyage en France.
Bien sûr, je suis attentivement tous les événements de la guerre en Ukraine et je pense souvent à toi qui a fait le choix de vivre en Russie. Il y a quelques années, j’avais moi-même été visiter Moscou et St Pétersbourg. J’avais beaucoup apprécié la culture russe et l’accueil chaleureux de la population. J’espère que ce conflit n’aura aucune conséquence négative sur toi et tes activités professionnelles et intellectuelles.
Même si nous avons beaucoup vieilli et forcément changé, j’espère que nous pourrons nous revoir un de ces jours quand tous ces événements se seront apaisés.
Mes amitiés à toi et à toute ta famille
Pierre-Yves PINCHAUX, qui a fait ses études à Dijon, qui vit dans les Yvelines et est actuellement en vacances en Corse
Bonjour Luc,
Bonne idée ce point sur votre séjour français.
Même constat mais fait de l’intérieur, avec le même regard désabusé et nostalgique d’une époque désormais révolue.
Le naufrage économique est en cours et ce ne sont ni les « marcheurs » globalistes, ni les khmers verts qui sauveront le navire.
La foi et la famille sont nos repères solides pour espérer!
A bientôt
Nous vous embrassons tous
François
Luc bonjour,
Du haut de mes 32 annees en Russie je te contemple !😇
Ton voyage m’ est quelque part une souffrance devant laquelle je recule : je Dois rentrer, mais je ne m’ y decide pas.
Je te joins mon blog ci dessous, si le contenu et l ‘esprit te plaisent, mes coordonnees y sont en page d accueil.
Bonjour Luc, merci pour tes impressions. En effet la France change, en mal, sous l’effet d’une part de 40 ans d’immigration de masse qui remplace le peuple historique , efface sa culture, et l’appauvrît, et d’autre part de l’idéologie gaucho-progressiste qui déconstruit à tour de bras les valeurs traditionnelles. Tout n’est pas perdu, mais il est minuit moins quart. Certains mènent le combat des idées pour que la France reste la France, comme moi, et mes camarades de Reconquête, ainsi que nos alliés de l’UNI, de la Cocarde etc.
Vincent, le mari d’Irina