Luc Brunet – 1 avril 2013
L’histoire de Chypre a pris une tournure très intéressante. Comme vous vous en souvenez dans ma lettre précédente, j’ai écrit que le résultat le plus probable était unscénario fermé à l’Islande, avec faillite et démantèlement des banques faibles. C’est en effet ce que nous voyons se produire actuellement, y compris une garantie de 100,000 euros par client, comme l’exige la loi dans toute l’UE (le premier plan était tout simplement illégal).
Le résultat final n’est pas encore connu, car les filiales de ces banques en Russie et au Royaume-Uni n’ont pas pu être fermées, et nous pouvons donc nous attendre à ce que beaucoup d’argent soit retiré par les clients russes et anglais. Les médias occidentaux parlent beaucoup de l’argent de la mafia russe ou de l’oligarchie à Chypre, prouvant une fois de plus un manque d’objectivité. Les oligarques et la mafia ont déplacé de l’argent de Chypre il y a longtemps vers d’autres endroits plus sûrs comme le Royaume-Uni, le Luxembourg et d’autres. Les déposants étrangers touchés à Chypre sont principalement des particuliers russes de la classe moyenne supérieure et des PME qui font des affaires avec l’UE, ainsi que de nombreux particuliers de l’ex-URSS, du Royaume-Uni et du Liban (Chypre compte 320,000 sociétés enregistrées pour une population de 180,000 habitants)!
Avec les dépôts importants à la Bank of Cyprus devant être élagués entre 37,5% et 60%, le reste étant gelé six mois avant d’être «restitué» au déposant, cela ressemble de plus en plus à un défaut complet, à l’Islandaise. Au vu de la situation positive de l’Islande actuellement, cela peut être un bon signe pour Chypre, mais seulement s’ils quittent rapidement la zone euro…
Toute l’histoire démontre plusieurs choses:
. la panique au sein des hauts dirigeants de l’UE/du FMI, donnant une bonne raison à tous les déposants en Europe de devenir très méfiants (à juste titre) quant à la sécurité de leurs dépôts, même petits.
la résolution fanatique des dirigeants de l’UE d’éviter qu’un pays ne quitte la zone euro coûte que coûte
La Russie n’a pas voulu ou n’a pas pu renflouer Chypre pour la faire entrer dans la sphère d’influence russe. Une raison majeure que j’ai oubliée dans ma lettre précédente est l’importance de la base militaire du Royaume-Uni et de l’OTAN sur l’île, en plus d’une forte opposition de la Turquie. Soit dit en passant, le gouvernement russe utilise maintenant activement l’affaire pour renforcer sa décision de se débarrasser des modèles commerciaux offshore, et le fait que de l’argent puisse être perdu – même en Europe – aidera beaucoup!
A quoi doit-on s’attendre maintenant ?
- Chypre aura des difficultés à maintenir son activité bancaire et son rôle de hub pour les affaires Russie/ex URSS/Liban avec l’Europe, du moins à court terme, même si je suis plus optimiste pour le long terme (voir le cas de l’Islande)
- la situation grecque va bientôt se compliquer
- viennent ensuite les pays dans une situation comparable à celle de Chypre : Malte, la Slovénie dans un premier temps, puis le Luxembourg, l’Espagne et l’Italie
Si vous avez de l’argent dans des banques de l’UE, les mesures à prendre pour être prudent – mais pas à 100%, car les règles peuvent être arbitrairement modifiées – devraient être:
- pas de compte supérieur à 50,000 euros dans chaque banque (la garantie de 100,000 euros ne peut pas pleinement fonctionner dans les grands pays)
- n’oubliez pas qu’il n’y a AUCUNE garantie pour les devises non européennes comme le dollar américain ou le franc suisse
- vérifiez les détails juridiques dans le pays où vous avez l’argent – il existe des variantes locales!
- ne croyez pas ce que vous dit votre banquier
- investir dans l’or, l’art, le vieux vin ou l’immobilier de bonne qualité
- amusez-vous et dépensez l’argent!