Luc Brunet – 20 septembre 2021
Certains d’entre vous ont peut-être lu mon article publié en octobre 2020, où j’ai commencé à lister les leçons que nous devrions tirer de la crise du Covid. Aujourd’hui, je vais essayer d’aller plus loin dans l’analyse, en incluant également les nouvelles leçons que nous avons apprises après octobre, et en proposant un certain nombre de changements radicaux dans la société, la politique et l’économie. Cela rendra cet article un peu plus long que d’habitude, avec peu de politiquement correct, comme vous le comprenez surement déjà !
En fait, la mise en œuvre de changements aussi radicaux signifie également une profonde transformation, et au moins dans un certain nombre de grands pays, dans la façon dont les politiques, les lois et la gouvernance sont définies et appliquées. Un seul pays ne serait pas autorisé à suivre une telle voie. Seul un mouvement international peut produire de tels changements et COVID est peut être le puissant cygne noir dont nous avons besoin.
Beaucoup prétendent qu’ils attendent avec impatience de revenir à la ‘vie d’avant’ après la fin de l’épidémie, mais je ne suis pas sûr que ce soit quelque chose que nous devrions souhaiter. Nous ferions mieux de ne jamais revenir à la vie d’avant, mais plutôt de nous battre pour construire une nouvelle vie, une vie meilleure et voici quelques idées qui, selon moi, pourraient, même partiellement mises en œuvre, rendre la ‘nouvelle normalité’ bien meilleure que l’ancien « normal’ !
Le COVID comme indicateur et amplificateur de problèmes fondamentaux
Alors que beaucoup, y compris moi-même, ont beaucoup écrit sur des problèmes clés qui sont devenus très visibles après la crise financière de 2008, la majorité de la population des pays développés a ignoré ces problèmes, à cause d’un manque d’information (ou de trop de desinformation des journaux télévisés), ou parce qu’ils préféraient continuer à vivre la belle vie, incapables d’accepter que les choses changeaient et que la vie qu’ils connaissent ne durera plus longtemps.
Le virus et tout ce qui en dérive, rend désormais les choses plus visibles et plus aiguës. De plus en plus de gens comprennent peu à peu que le système s’effondre et commencent à l’intégrer dans leurs schémas de pensée. Je dis peu à peu, car beaucoup de gens résistent encore et s’accrochent à l’espoir qu’ils pourront encore avoir une vie ‘comme avant’ grâce aux masques, aux vaccins ou à tout ce qui peut les aider à se cacher la tête dans le sable.
La quantité de mensonges, d’erreurs, d’abus qui ont pu être observés depuis début 2020 est telle que le nombre de personnes dans le doute augmente rapidement. La prise de conscience provient largement des médias parallèles et des réseaux sociaux, et est renforcée lorsque les gens se réunissent pour manifester (le meilleur exemple étant la France). Les gens se rendent compte qu’ils ne sont pas seuls à avoir des doutes, qu’ils ne sont pas des « anormaux » mais au contraire qu’ils font partie d’une foule, parmi tant d’autres.
La crise COVID n’est pas isolée ou seulement sanitaire- tout est interconnecté
Comme évoqué plus haut, le COVID révèle des enjeux fondamentaux dans l’économie et dans la société, en plus d’être une crise sanitaire en tant que telle. Il n’y a aucune discussion sur le fait que COVID peut être un tueur et a laissé de nombreuses personnes avec des symptômes à long terme. La gravité de celui-ci est cependant loin d’être catastrophique, et le manque de transparence sur les statistiques exactes, combiné à des différences extrêmes dans son impact entre les pays, rend toutes les discussions difficiles. Mais de nombreux pays s’en sont plutôt bien sortis et affichent un impact très limité, tant sur l’espérance de vie que sur l’économie.
Cependant, tout ce qui s’est passé au cours des 18 derniers mois a démontré pour ceux qui refusaient de le voir auparavant, que de nombreux aspects de la vie sociale et économique sont fondamentalement pervertis. Les principes de base qui sont officiellement déclarés comme la base du monde développé sont transgressés chaque jour, et les soi-disant « démocraties » ne sont qu’une façade pour une société oligarchique/ploutocratique dysfonctionnelle. Tous les aspects de la société sont impactés, soins de santé, transports, production alimentaire, écologie, politique, éducation, médias, et nous y reviendrons sur tous ces aspects dans la suite de cet article.
L’industrie de la santé
De nombreux développements lors de la crise COVID ont démontré que tous les pays où les laboratoires privés dominent le marché (je les appellerai le complexe médico-industriel, pour refléter le complexe militaro-industriel) ont fait preuve d’une gestion désastreuse de la crise, entraînant beaucoup plus de victimes que dans les pays moins développés. Pour ceux qui ont suivi les événements, il semble assez clair que les vaccins ont été proposés dès le premier jour comme la solution absolue, tandis que toutes les autres options qui ne créaient presque pas d’activité supplémentaire pour le complexe médico-industriel ont été ignorées et activement discréditées. De la même manière, toutes les mesures préventives ont été totalement ignorées. Pour moi, cela a démontré quelque chose que je soupçonnais depuis de nombreuses années : comme tout grand groupe industriel, assez grand pour se permettre des activités de lobbying coûteuses et des avocats de première classe, le complexe Médico-Industriel est devenu une gigantesque machine à profits, essayant d’atteindre un objectif unique – augmenter les dividendes pour ses actionnaires.
Guérir des individus, objectif originel de la médecine, est devenu une seconde activité essentiellement à titre de vitrine. Pour de telles organisations, une pandémie est fondamentalement une excellente opportunité commerciale, tout comme une nouvelle guerre pour le complexe militaro-industriel. Et ils ont raison de le penser, en regardant les bénéfices phénoménaux réalisés par les laboratoires au cours de l’année écoulée.
Les capacités de lobbying et juridiques du Complexe Médico-Industriel ont également été démontrées, avec un soutien de premier ordre des groupes politiques et médiatiques, leur ayant permis de signer des contrats à toute épreuve avec les gouvernements pour la fourniture de vaccins encore en phase de test, mais sans aucun engagement de responsabilité pour l’industrie.
Des changements radicaux doivent être imposés dans cette industrie, et l’influence des groupes privés internationaux devrait être limitée, ou mieux éliminée. Les activités de recherche devraient être ramenées (comme il y a de nombreuses années) sous l’égide des autorités de l’État, tandis que la fabrication de médicaments devrait être fortement réglementée. Les politiques de soins de santé devraient à nouveau être l’affaire des politiciens (pas ceux que nous avons maintenant bien sûr, voir plus loin), et non l’affaire des conseils d’administration.
Par ailleurs, je pense aussi que l’on va assister à une évolution des comportements des gens, avec un retour des disciplines de médecine alternative et traditionnelle, faisant une place beaucoup plus grande à la prévention et au développement de l’immunité. Tous ces domaines ont d’ailleurs été presque complètement anéantis par le complexe Médico-Industriel, car ils ne correspondent évidemment pas aux objectifs de revenus de leurs actionnaires. Le graphique ci-dessous montre le nombre de morts cumulé par région, montrant une nette difference entre les pays sous l’influence du Complexe Médico-Industriel et les pays s’appuyant sur la médecine traditionnelle et la prévention, principalement l’Afrique et l’Asie.
On peut aussi s’attendre à une perte temporaire de confiance dans le leadership médical, perçu comme ayant vendu sa vocation pour de l’argent, sous la pression du lobbying de l’industrie. L’histoire jugera.
Globalisation
La pandémie a clairement montré que la fourniture d’articles essentiels comme des masques ou des médicaments dépendait du commerce international, encore une fois non sous le contrôle des États. Combiné à un quasi-arrêt des voyages internationaux, cela donnera un coup de plus à la mondialisation en déclin. Là encore, les moteurs de la mondialisation ont toujours été de grands complexes industriels. La soi-disant délocalisation de la production vers les pays les plus pauvres est préconisée depuis des décennies comme moyen de réduire les coûts et de maintenir les prix bas. Je n’ai jamais cru à de tels arguments, surtout pour les produits à faible demande de main-d’œuvre. La part de main d’œuvre dans la fabrication d’un téléphone par exemple, ou d’un jouet, est minime, et le coût du transport et l’augmentation des frais généraux de gestion tuent le petit avantage que vous pouvez obtenir.
Pour comprendre les avantages de la mondialisation pour l’industrie (pas pour le consommateur), vous devez examiner les taxes. Si vous êtes une entreprise vendant et fabriquant aux États-Unis ou en Europe, vous devrez payer tous les impôts sur les entreprises, et il n’y a aucun moyen de les éviter, car l’utilisation d’un système d’optimisation fiscale via un paradis fiscal serait immédiatement repérée. Si vous fabriquez à l’étranger, vous créez automatiquement une chaîne de sociétés intermèdiaires, et si l’une d’entre elles se trouve dans un paradis fiscal, vous pouvez y concentrer tous les bénéfices, économisant ainsi presque tout l’argent des impôts grâce à ce schéma. Et ici, nous parlons d’une partie très importante du prix final.
Avec la marge supplémentaire gagnée, vous pouvez réduire le prix pour l’utilisateur final (je devrais écrire ‘pourriez’), mais en fait, la plupart des bénéfices restent dans l’entreprise. Quiconque pense qu’Apple fabrique en Chine en raison du faible coût de l’emploi devrait réfléchir à nouveau.
Pour revenir à COVID, chaque grand pays ou groupe de pays (comme l’UE si l’UE faisait ce qu’elle était censée faire) devrait avoir une production locale de médicaments et d’équipements médicaux majeurs, et les politiciens ne devraient pas être autorisés à faire des compromis là-dessus, point final.
Medias
Comme mentionné précédemment, les différents complexes industriels (nous avons parlé des complexes médicaux et militaires, mais beaucoup d’autres ont acquis une influence énorme sur la façon dont le monde est dirigé) font un usage intensif du lobbying (corruption si vous n’avez pas peur de le nommer ainsi ) et de services juridiques musclés. Bien sûr cela ne suffit pas et le danger peut aussi venir de l’opinion publique. Le contrôle des médias est donc primordial. De nombreux articles ont été écrits sur les propriétaires des médias dans les pays occidentaux, et ce n’est un secret pour personne que quelques groupes industriels et financiers contrôlent la quasi-totalité des médias. Ils peuvent ainsi organiser une censure ‘volontaire’ où les journalistes s’abstiennent de faire du travail d’enquête, heureux d’avoir de bons salaires en répétant la ‘doxa’ et le politiquement correct. La crise du COVID a ici encore montré à quel point la manipulation des médias peut être efficace, avec une communication à sens unique pour créer la peur et la passivité parmi la population. Souvenez-vous du responsable français qui a été pris en flagrant délit par un micro ouvert avant une interview télévisée, disant à ses homologues de ‘faire dans le dramatique’…
Internet est aujourd’hui le lieu où se fait et se publie un véritable travail d’enquête, bien que touchant un petit pourcentage de la population. De nombreux changements seront nécessaires pour libérer les médias des intérêts financiers et reconstruire leur crédibilité.
Education
La plupart des pays ont connu une baisse lente mais régulière du niveau d’éducation dans tous les domaines, conduisant à une génération d’« idiots diplômés », comme le dit joliment Emmanuel Todd. Les médias peuvent mieux manipuler les populations passives qui n’ont pas l’habitude d’être critiques avec les informations qu’elles reçoivent. La remise en cause de la « doxa » s’appelle le complotisme et ne peut guère être attendue de personnes formatées depuis leurs premières années à l’école. L’exemple ci-dessous montre un livre scolaire français expliquant et justifiant les confinements, en faisant une partie de la vie normale à l’avenir.
Les programmes et les méthodes d’éducation devront également être retravaillés. Le travail est énorme et je me contenterai de mentionner 3 points qui me paraissent très importants :
– l’éducation doit aider les enfants à développer leurs propres pensées, à penser de manière indépendante et à avoir un regard critique sur tout
– l’éducation ne doit pas forcer les enfants à avaler des connaissances préformatées, mais leur apprendre à apprendre et à développer un état d’esprit curieux de nouvelles choses et avide de découvertes.
– un aspect clé devrait être d’utiliser l’histoire comme source de compréhension du caractère et du comportement humains – pour le meilleur et pour le pire. Apprendre les dates des batailles est comme regarder le générique à la fin d’un film sans regarder le film lui-même !
La production alimentaire
Bien que peu médiatisée, l’une des variantes de COVID les plus virulentes qui a frappé l’Europe à l’automne 2020 provenait d’usines d’élevage intensif de visons, l’une au Danemark, l’autre en France. Des milliers d’animaux ont été tués à cette occasion. Il s’avère que ces animaux pouvaient être contaminés et qu’une forte concentration d’animaux dans des conditions d’hygiène douteuses est un environnement parfait pour une contamination croisée rapide entre les animaux, ce qui augmente les chances de créer des variants. Ce n’est pas quelque chose de nouveau, et les diverses grippes aviaires ou porcines qui ont effrayé le monde au cours des dernières décennies en sont d’autres exemples.
Cela devrait également nous amener à porter une plus grande attention à la façon dont nous produisons de la nourriture. En dehors des conditions terribles imposées aux animaux, l’élevage intensif crée des risques sanitaires, qui ont pu être contenus jusqu’à présent, mais sont quand même menaçants. Un retour à l’élevage à plus petite échelle dans un environnement plus naturel et plus sûr est quelque chose à considérer. De la même manière, les monstres de l’industrie devraient être restreints ou démantelés. Tout comme pour le Complexe Médico-Industriel, le Complexe Agroalimentaire devrait être supprimé, non pas pour être placé sous contrôle de l’Etat bien sûr, mais pour le rendre aux agriculteurs individuels et aux petites/moyennes industries et coopératives. Si les politiciens « verts » étaient honnêtes, ils devraient se battre pour cela.
D’ailleurs, là encore, la crise du COVID montre que les personnes consommant beaucoup d’aliments transformés étaient beaucoup plus à risque que les autres.
Environnement
Comme nous avons abordé ce sujet en relation avec la nourriture, élaborons un peu plus. Tout étant connecté, cela est également lié à la mondialisation. Le transport maritime est une source de pollution majeure, alors que les politiques et les médias préfèrent pointer du doigt les automobilistes, dont certains vivent à la campagne, et sans autre alternative que la voiture. Les mêmes politiciens, ou leurs pairs, ont été ceux en France par exemple qui ont détruit les liaisons ferroviaires locales dans les régions, ont promu le transport par camion pour remplacer le rail, laissant la compagnie des chemins de fer avec l’exploitation de trains longue distance coûteux.
Dans le même ordre d’idées, la pression sur les habitants des pays développés est croissante, les accusant de gâcher la planète. On essaye de faire honte aux individus qui osent utiliser une voiture diesel, alors que rien n’est fait pour vraiment lutter contre le changement climatique (bien que la plupart de ces changement soient indépendants de nos petites actions humaines) ou l’instabilité météorologique. Les arbres sont un élément clé de l’écosystème terrestre. Combien d’arbres sont détruits chaque jour, en Amazonie, mais aussi en Europe ? Ikea est-il un ami de Greta ? Combien d’arbres sont replantés ? Qui s’y intéresse ?
Là encore, tout changement nécessite un fort courage politique et des dirigeants peu réceptifs au lobbying et à la corruption. Ce point nous amène directement au suivant.
Système politique
C’est clairement le point clé pour résoudre les problèmes ci-dessus et rendre la nouvelle normalité vraiment nouvelle. C’est aussi le type de changement le plus délicat qui doit être fait, et encore une fois pas dans un seul pays, mais dans plusieurs simultanément. Cela peut-il se faire de manière pacifique et sans événements perturbateurs majeurs ? Probablement pas.
Je ne suis pas un politicien et je ne défendrai pas un programme spécifique, mais je pense que les aspects suivants seront essentiels:
– aucun changement réel ne peut se produire dans le système existant, où les dirigeants sont les vainqueurs des élections. L’ensemble du système est désormais verrouillé et tous les candidats ayant une chance de gagner font déjà partie du système. Le Pen en France est un bon exemple
– les politiciens professionnels de longue date sont un risque majeur
– le salaire des politiciens n’est pas le problème, et les gens qui s’en plaignent passent à côté de l’essentiel. Le problème, c’est la corruption. La corruption est rarement un sac plein d’argent. C’est plutôt des promesses de rejoindre une grande entreprise avec d’énormes avantages après avoir été chassés par les électeurs.
Un indice pourrait venir de la Suisse, où le système est en partie basé sur le référendum, permettant à la population de trancher sur des décisions clés. Leurs résultats sont respectés, pas comme dans les pays de l’UE, où un nouveau vote est organisé si le vote initial ne satisfait pas l’élite, ou simplement ignoré comme le référendum de 2005 en France sur le traité de Maastricht. Le système devrait également accorder une plus grande place aux politiciens non professionnels désireux de consacrer du temps à servir les intérêts de leur pays. Encore une fois, de tels changements ne sont jamais totalement satisfaisants, et souvent décidés dans l’urgence en période de crise, mais le système suisse mérite certainement d’être étudié.
Tout ce qui précède ressemble beaucoup à une ‘grande réinitialisation’, pour reprendre les termes du Forum économique de Davos. Mais à titre de comparaison contrastée, voici un extrait d’un texte du « Club de Rome », l’inspiration directe pour le groupe de Davos, de leur livre « La première révolution globale » :
« En cherchant un ennemi commun contre lequel nous pouvons nous unir, nous avons eu l’idée que la pollution, la menace du réchauffement climatique, les pénuries d’eau, la famine, etc., feraient l’affaire. Dans leur ensemble et leurs interactions, ces phénomènes constituent une menace commune à laquelle tous doivent faire face ensemble. Mais en désignant ces dangers comme l’ennemi, nous tombons dans le piège, contre lequel nous avons déjà mis en garde les lecteurs, à savoir confondre les symptômes avec les causes. Tous ces dangers sont causés par l’intervention humaine dans les processus naturels, et ce n’est qu’en modifiant les attitudes et les comportements qu’ils peuvent être surmontés. Le véritable ennemi est alors l’humanité elle-même. »
La réinitialisation que je propose ici va évidemment dans la direction opposée.